L’enseignement au temps du Covid19

enseignement et Covid19

La Covid19 a fait remonter à la surface de nombreux modèles et tendances existants. D’une part, elle a montré de nombreuses faiblesses et vulnérabilités: parmi lesquelles une accentuation des inégalités, les risques qui découlent de la privatisation de l’éducation. Elle a révélé à quel point les systèmes éducatifs mondiaux n’étaient pas préparés à une transition massive vers le numérique et l’apprentissage à distance. D’un autre côté, certaines caractéristiques positives au sein de nos sociétés sont également devenues de plus en plus visibles. Une solidarité et une réponse forte et résiliente aux défis ont été constatées dans de nombreuses sociétés. Une attention accrue a été portée au bien public. De plus, il y a aussi l’ingéniosité, le dévouement et la créativité des nombreux enseignants, familles et étudiants qui construisent en collaboration des expériences d’apprentissage remarquables.

Les étudiants, leurs parents et les enseignants du monde entier ressentent l’extraordinaire effet de la pandémie mondiale COVID-19. Lorsque la pandémie a frappé, les établissements d’enseignement, y compris les écoles, les collèges, les universités, les centres de formation technique et professionnelle, les centres de perfectionnement professionnel et les centres d’apprentissage pour adultes ont fermé leurs portes. A la mi-avril 2020, plus de 1,58 milliard d’élèves et d’ étudiants dans 200 pays à travers le monde ont été renvoyés chez eux conformément aux restrictions et mesures imposées pour ralentir la propagation du virus. 94 % de la population scolarisée mondiale a été touchée, dont 99 % dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. Certains d’entre eux sont peut-être retournés en classe, mais la pandémie en cours met en danger les résultats scolaires de toute une génération.

1. La Covid19 bouleverse la situation de l’éducation dans le monde

Déclarée par l’organisation mondiale de la santé (OMS), le coronavirus a obligé la majorité des gouvernements à travers le monde à mettre en place des verrouillages à l’échelle nationale dans l’espoir d’aplatir la courbe épidémique. Cela a conduit à la fermeture des établissements d’enseignement dans 200 pays, affectant l’éducation de plus d’un milliard d’enfants et adolescents. 86 % des élèves du primaire dans les pays à faible revenu ont été renvoyés à leurs foyers jusqu’au deuxième trimestre 2020. Seulement 20 % des élèves dans les pays à indice de développement humain très élevé ont cessé d’être scolarisés.

La plupart des écoles, collèges et universités restent fermés sans une vision claire de leur réouverture. Cela a créé une crise sans précédent dans le secteur de l’éducation pour les élèves et les étudiants ainsi que pour les éducateurs en ce qui concerne la poursuite des services éducatifs, la réalisation d’évaluations et la satisfaction des besoins de l’éducation spéciale et de la réadaptation professionnelle. Et tandis que des programmes provisoires d’apprentissage à distance ont été mis en place dans de nombreux endroits, les enfants les plus marginalisés, les plus pauvres et les plus vulnérables ont été les plus désavantagés. Quelque 23,8 millions d’élèves et étudiants risquent aujourd’hui de perdre leur chance de poursuivre leurs études. L’Afrique, et plus particulièrement l’Afrique subsaharienne, est la plus touchée étant donné que les systèmes éducatifs sont plus fragiles.

En fait, la pandémie a amplifié les luttes auxquelles les enfants sont déjà confrontés pour recevoir une éducation de qualité. Avant cette période de confinement obligatoire, il y avait quelques millions d’enfants non scolarisés à travers le monde, principalement en raison de la pauvreté, d’une mauvaise gouvernance, ou vivant ou ayant fui une situation d’urgence ou un conflit.

2. Qu’est ce qu’on recommande pour conserver le droit des élèves à l’éducation ?

Les systèmes éducatifs mondiaux œuvrent aujourd’hui à alléger les répercussions potentiellement dévastatrices de la crise sanitaire sur l’éducation et fournir une éducation de qualité en temps difficiles. Toutes les parties prenantes et acteurs concernés agissent ensemble pour prendre des décisions pertinentes. Parmi les recommandations fournies, on cite :

2.1. Préparer la réouverture des écoles

Les systèmes scolaires doivent mettre en place un plan transparent pour la réouverture des écoles aussi rapidement et de manière responsable que possible. Pour ce faire, les gouvernements doivent déployer leurs efforts pour enrayer la transmission du virus et contrôler l’épidémie au niveau national et local. En effet, c’est la première chose à faire pour une reprise sûre et en sécurité.

Dans une étape suivante, ils doivent s’assurer de prendre les préventions nécessaires empêchant toute transmission du virus. Ainsi, il est essentiel de solliciter l’avis de tous les acteurs concernés et travailler en étroite collaboration avec les professionnels de la santé. Il s’agira notamment de préparer les écoles physiques à la réouverture, de fournir aux enseignants des informations précises et une formation sur la crise de santé publique.

La reprise des cours doit être prise comme une opportunité de surveiller et de retracer rapidement toute réémergence. Ce serait également l’occasion pour fournir tout soutien supplémentaire en matière de santé physique ou mentale dont les élèves pourraient avoir besoin, en particulier dans les zones à fort taux d’incidents.

2.2. Protéger le financement de l’éducation

La crise va certainement épuiser les ressources que disposent les gouvernements à travers le monde. Indépendamment des choix que doivent faire les responsables pour lutter contre l’épidémie, ils ne doivent pas négliger l’importance de l’éducation. Ils doivent continuer d’investir dans l’apprentissage aujourd’hui afin que le monde puisse être mieux préparé à résoudre les futures épidémies et crises de demain. Il est impératif de se rappeler que les enfants d’aujourd’hui sont les médecins, les chercheurs, les infirmiers, les épidémiologistes, et les experts en santé publique de demain.

2.3. Covid19: Penser à la réinvention des systèmes éducatifs

La fermeture des écoles à cause de la crise sanitaire mondiale a montré que le changement est possible. Les administrateurs et les enseignants se sont rendus compte que l’enseignement et l’apprentissage ne doivent pas être interrompus. Des approches innovantes ont été proposées afin de garantir aux élèves et étudiants l’accès à l’apprentissage. Des d’options d’apprentissage basées sur la radio, la télévision, les téléphones portables et Internet ont été déployées.

Tout cela a poussé les parties prenantes à penser sérieusement aux moyens permettant de réinventer l’éducation, remettre les élèves à niveau et accélérer les changements. Dans cette perspective, il est utile de revoir certains points comme la redéfinition du droit à l’éducation pour y inclure la question de la connectivité, le renforcement des données, le développement des outils de suivi de l’apprentissage, et le renforcement de l’articulation et la fluidité entre les différents niveaux et types de formation.

2.4. Renforcer la résilience des systèmes éducatifs

La réouverture des établissements d’enseignement en toute sécurité en cette période de crise s’impose comme une opportunité pour reconstruire des systèmes éducatifs résilients et durables. Les gouvernements à travers le monde doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la continuité de l’enseignement pendant cette crise et lors des prochaines crises. Il est important de favoriser la coordination entre les acteurs concernés, booster l’inclusion et l’équité, renforcer les capacités de gestion de risque, booster la communication, etc.

3. L’éducation post Covid19

Pour assurer la continuité pédagogique et limiter les abandons scolaires, les systèmes éducatifs mondiaux ont rapidement réagi pour s’adapter. La COVID-19 a contraint les élèves et enseignants à se lancer dans l’utilisation omniprésente de l’apprentissage virtuel. Pour certains, la suppression de la tradition des cours en classe a été utilisée auparavant à la suite de tremblements de terre, à titre d’exemple. Pour d’autres, l’apprentissage en ligne est un moment de changement forcé. Dans tous les cas, ce passage en ligne pourrait changer de manière permanente la manière dont l’éducation est faite.

3.1. L’apprentissage en ligne est désormais une nécessité

La pandémie COVID-19 est susceptible d’avoir un effet durable sur la conception des cours. Traditionnellement, l’éducation en ligne a été considérée comme une voie alternative. Cependant, l’émergence de la pandémie COVID-19 a obligé les enseignants et les étudiants de tous les niveaux d’enseignement à s’adapter rapidement aux cours virtuels. Pour créer des expériences d’apprentissage réalisables et efficaces, les instructeurs doivent simplement trouver comment le faire fonctionner, en tenant compte des possibilités et des contraintes de l’environnement d’apprentissage spécifique. Les premières innovations pédagogiques ont jeté les bases d’un apprentissage virtuel contemporain. Lui-même incorpore une variété d’approches pédagogiques et de combinaisons de modes de prestation.

Avec l’émergence de la pandémie en 2020, diverses innovations pédagogiques supplémentaires ont eu lieu pour faire de l’adoption universelle de l’apprentissage à distance une possibilité. D’importants problèmes subsistent, notamment le manque de connectivité Internet dans certains endroits et les besoins concurrents des membres de la famille pour l’utilisation de la technologie domestique. Cependant, des solutions créatives ont émergé pour fournir aux étudiants et aux familles les installations et les ressources nécessaires pour s’engager et réussir les cours. De nombreuses ressources ont été allouées et des processus ont été développés pour connecter les apprenants aux activités et au matériel des cours. Des voies pour un meilleur accès et des opportunités à l’éducation en ligne ont été forgées.

A titre d’exemple, dans certains coins du monde, des bus ont été utilisés comme des points d’accès mobiles. Des présentations pédagogiques ont été diffusées sur les stations de radiodiffusion publiques locales. Les systèmes de conférence en ligne synchrones, tels que Zoom et Google Meet, ont permis à des experts de partout dans le monde de rejoindre des salles de classe en ligne. Ces outils ont permis d’enregistrer des présentations que les apprenants individuels peuvent regarder au moment qui leur convient le mieux.

Et dans une même perspective, de nombreux éducateurs ont modifié la façon dont le rendement des élèves est mesuré. Ils se sont focalisés sur des stratégies qui tirent parti du mode de prestation en ligne, telles que des discussions interactives, un enseignement dirigé par les élèves et l’utilisation de jeux pour accroître la motivation et l’attention. Ils ont également fait participer les élèves et étudiants pour décider des changements spécifiques. Aujourd’hui, il existe une voie plus ou moins claire pour la prochaine génération d’acteurs de l’éducation en ligne.

3.2. L’interaction humaine est prioritaire dans l’éducation post Covid19

Les décisions prises aujourd’hui dans le contexte de la pandémie COVID-19 auront des conséquences à long terme sur l’avenir de l’éducation. Toutefois, l’interaction et le bien-être humain doivent être prioritaires. Cela concerne notamment les interactions humaines, le dialogue et l’échange. La crise du COVID-19 nous a rappelé l’importance des écoles en tant que centres communautaires. Les écoles abritent des relations sociales. Elles sont des formes de vie collective qui ne pourraient être remplacées par l’enseignement à distance. Cependant, la technologie qui permet la communication, la collaboration et l’apprentissage à distance, s’impose comme outil formidable en cette période de crise. Mais les interactions forcées entre les élèves pour des raisons d’interaction ne sont ni motivantes ni bénéfiques.

Dans le même contexte, il essentiel de s’assurer que le passage à l’apprentissage à distance n’entraîne pas une surveillance abusive et ne porte pas atteinte à la vie privée, à la liberté d’expression et à l’autodétermination informationnelle. Ainsi, il est utile de surveiller l’utilisation des ressources éducatives dans le seul but de promouvoir les intérêts et les capacités des apprenants.

3.3. Les enseignants ont également besoin de soutien

Depuis plus d’un an maintenant, les écoles ont été confrontées à d’immenses défis logistiques. Les enseignants ont travaillé sans relâche sans être formés ni guidés, pour soutenir l’apprentissage et le bien-être des élèves dans un environnement sans précédent. Ils se sont trouvés dans l’obligation de s’adapter à de nouveaux outils d’apprentissage numériques comme les applications de messagerie et les plateformes en ligne. Dans la plupart des cas, même dans les pays où les infrastructures numériques sont adéquates, ces enseignants sont dépourvus de compétences de base en informatique nécessaires. Ils ne sont pas préparés à assurer leurs cours et à s’adapter aux innovations numériques de l’enseignement.

Pour assurer leur propre développement professionnel, certains ont fait recours au web pour se renseigner sur ces outils. Certains d’autres, notamment dans les zones marginalisées, n’ont parfois reçu aucun soutien. Prenons l’exemple de l’Afrique subsaharienne. Seuls 64 % des enseignants du primaire et 50 % des enseignants du secondaire ont été formés sur l’utilisation des nouvelles technologies pour l’éducation.

La crise sanitaire provoquée par la propagation du coronavirus a révélé ainsi que la formation continue des enseignants est un facteur déterminant de la continuité pédagogique en temps de difficultés. En plus de la formation initiale, il est désormais important pour eux de suivre le développement de nouvelles formes d’enseignement et d’être au courant de toute nouveauté.

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