Comment préserver l’enseignement immersif dans les écoles françaises ?

enseignement immersif

Avant de parler de l’enseignement immersif, il faudrait savoir que les français ont lutté contre les discriminations massives par le langage, tristement ordinaires et avec de lourdes conséquences sur la vie des gens qui en sont les cibles.
Dès lors, une charte européenne a été élaborée et mise à la disposition de la population bilingue pour leur permettre de s’exprimer dans la langue de leur pays et avec l’accent de leur région.
Il est à noter que l’Union européenne compte, officiellement, plus de 60 langues régionales, parlées par plus de 40 millions de citoyens. Il faut donc protéger ces langues et ces cultures par une charte.

Charte européenne des langues régionales ou minoritaires :

Les français disposent depuis 1992, d’une charte permettant aux locuteurs de s’exprimer librement. La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, vise à protéger ce patrimoine culturel européen et à favoriser l’utilisation de ces langues, dans la sphère privée et publique.

Il est noté dans la charte et signé par 24 pays que selon la charte il faut :

  • reconnaître les langues régionales ou minoritaires comme une forme de richesse culturelle,
  • respecter la zone géographique de chacune de ces langues,
  • promouvoir ces langues,
  • faciliter et encourager leur usage,
  • permettre son enseignement à tous les stades,
  • promouvoir les échanges transfrontaliers,
  • interdire la discrimination ou l’exclusion basée sur la langue,
  • promouvoir la compréhension et l’échange entre les différents groupes linguistiques du pays.

L’importance de cette charte nous aide à prendre en considération la deuxième langue dès l’école primaire. Ces critères sont motivants et nous pousse à nous intéresser à une alternative d’approche de la langue à l’école. Il s’agit de l’approche immersive dans les cercles scolaires.

C’est quoi l’enseignement immersif ?

L’éducation bilingue en France constitue l’immersion. Elle permet aux enfants, dont la langue maternelle n’est pas le français, de suivre une scolarité dans sa langue. C’est différent de la méthode traditionnelle.
C’est l’école en une langue, comme à DIWAN, une école où tout est enseigné en breton. Ou encore, au Canada, où depuis plus de quarante ans, des écoles enseignent en immersion le français aux anglophones et l’anglais aux francophones.

L’apprentissage des langues est un thème très important, mais qui incite à poser des questions car dans une région bilingue beaucoup de personnes éprouvent certaines difficultés à se comprendre et à se faire comprendre, vu qu’on ne parle pas toujours la même langue. Donc, sur le plan professionnel, il est important de maîtriser plusieurs langues.

Par exemple en Suisse, où l’environnement est principalement francophone l’idée de l’immersion est intéressante.

C’est une méthode qui séduit une bonne partie de la population et elle a déjà fait ses preuves dans certains cantons tel que Bâle ou encore le Tessin mais également dans d’autres pays.

Sur le site https://gallika.net/?Enseignement-immersif-des-langues vous pouvez voir le compte rendu d’une expérience intéressante où toutes les matières du programme sont enseignées dans la langue étrangère choisie, appelée « langue cible ».

Principe de l’enseignement immersif :

C’est une approche pédagogique qui vise l’apprentissage d’une langue cible dans un contexte d’apprentissage ordinaire. L’enseignement immersif offre un enseignement en immersion totale ou partielle depuis la maternelle et jusqu’à la fin du primaire.

Une langue choisie est utilisée pour l’enseignement de toutes les matières. L’apprentissage d’une seconde langue tel que l’anglais, peut aussi être enseigné en primaire.

Certaines études suggèrent aussi que le programme d’enseignement par immersion, utilise la langue cible (ex. le français) comme instrument cognitif et non seulement communicatif afin de promouvoir la construction des savoirs.
DIWAN, l’école qui a fait ses preuves, prévoit des collèges et un lycée en Bretagne permettent de poursuivre la scolarité et se préparer au baccalauréat.

Avantages de l’enseignement immersif :

Nombreux sont les avantages de l’enseignement immersif.

L’acquisition de nouvelles langues est un bénéfice linguistique, c’est une richesse pour le pays, cela permet une ouverture à de nouvelles cultures et des échanges internationaux. Beaucoup de débouchés professionnels voient le jour et les échanges entre les régions européennes sont très fréquents.

L’apprentissage qui combine l’aspect technique et pratique présente plus de chances de réussir. En effet, quand la personne a l’occasion de suivre un enseignement, tout en vivant des situations quotidiennes, elle acquiert la langue par la pratique. A la fin du cursus les élèves seront capables de communiquer dans la langue d’immersion et profiteront de cet avantage toute leur vie, car une langue acquise s’oublie moins vite qu’une langue apprise. D’apès Vygotski, « l’enfant assimile sa langue maternelle de manière inconsciente et non intentionnelle alors que l’apprentissage d’une langue étrangère commence par la prise de conscience et l’existence d’une intention. »

L’enseignement immersif apporte aussi, des bénéfices cognitifs puisqu’il permet de développer chez les élèves des aptitudes plus larges et facilite les apprentissages. Il développe et fortifie l’intelligence en passant d’une langue à autre développe.

Il permet une meilleure concentration, une plus grande adaptabilité, une curiosité intellectuelle plus large, une meilleure organisation du travail…D’ailleurs, d’après les expériences vécues, le taux de réussite est très important pour ces élèves. Des statistiques révèlent que le nombre d’élèves qui obtiennent leur certificat est plus important dans l’enseignement immersif que l’enseignement traditionnel.

Nous recensons également des avantages sur le plan culturel. L’ouverture sur le monde que procure la connaissance des langues, stimule l’intérêt pour une autre culture, supprime les préjugés culturels acquis et développe des relations interculturelles plus riches. C’est un atout pour leurs perspectives futures sur le marché de l’emploi dans un contexte européen de plus en plus intégré.

L’approche est-elle bénéfique pour tout le monde ?

L’enseignement immersif et les langues étrangères suscitent bien des débats ces derniers jours. Cependant, le nombre d’élèves qu’il concerne est extrêmement faible et les écoles «immersives» seraient en «danger de mort».
Les élèves de terminale qui présentent leur bac chaque année après avoir accompli leur scolarité dans un établissement immersif sont au nombre de 200 ou 300.

Certains élèves du lycée DIWAN souhaitent présenter leur épreuve de mathématiques en breton, ce que le ministère de l’éducation leur refuse catégoriquement.

Il se trouve que l’enseignement immersif présente quelques enjeux, à savoir, le souci pour la première langue et si elle continue à se développer en dépit d’une grande scolarisation en langue seconde.

Par ailleurs, une question se pose sur le degré de maîtrise en langue seconde et à quoi cela doit aboutir. Combien d’heures de langue doit-on admettre.

La focalisation sur la langue ne présente-t-elle pas un obstacle pour les autres disciplines qui se voient probablement menacées et retardées ?

Cette approche convient-elle à tous les élèves, quel que soit le milieu dont il est issu et son niveau d’instruction.

Il est donc intéressant d’avoir une réponse à tous ces questionnements et de faire un travail de recherche pour s’informer sur les apports positifs d’une telle approche qui a déjà donné des fruits et des résultats satisfaisants.

Les aménagements mis en place dans la classe immersive :

Du point de vue des modalités d’organisation, il faut adapter les outils et le matériel aux élèves. Il y a plusieurs possibilités : manuels scolaires des régions qui peuvent être d’une bonne référence mais qui ne doivent pas être utilisés d’une manière brute.

La culture et le programme diffèrent généralement d’une région à une autre et d’une langue à l’une autre. Donc, les textes et les questions qui s’y rapportent doivent s’adapter au niveau des élèves. Il y a aussi quelques analyses d’images qui doivent être cohérentes.

Il y aussi la solution du recours à Internet pour suivre les cours et trier ce qui peut être bon, adapté et réutilisé de ce qui ne convient pas. Comme on peut se référer à des ouvrages scientifiques, spécifiques à un thème.

Encourager l’immersion :

Suite à la loi du 21 mai 2021, retoquée par la loi 4 et jugeant l’immersion contraire à la constitution, les défenseurs des langues régionales ont manifesté dans plusieurs régions, appelant à préserver l’enseignement immersif et à la poursuite de ses financements.

Sur ordre ministériel, une mission parlementaire a été confiée à deux députés, pour déterminer comment préserver l’enseignement immersif.

D’après le rapport rendu mercredi 21 juillet, il y a un devoir de préciser (dans les conventions avec les écoles privées sous contrat) que :

  • l’enseignement immersif doit rester facultatif et donc volontaire,
  • L’objectif de l’enseignement ne doit être que la maîtrise des deux langues,
  • le nécessaire enseignement du et en français sur les trois cycles d’enseignement primaire envisagés comme une globalité,
  • il faut préciser que si la langue régionale de communication des établissements est utilisée à l’intérieur de l’établissement, elle doit s’envisager de manière facultative et sur le fondement de justifications pédagogiques.

Comment préserver l’enseignement immersif ?

De nos jours, la mondialisation supprime les frontières et les spécificités propres à chaque région du monde pour élargir et développer les territoires. Les langues, en l’occurrence, répondent à un besoin fort d’ancrage et de reconnaissance d’une identité propre et spécifique. Ceci ne contre pas la République mais renforce l’appartenance, puisque les langues régionales représentent un pont entre les nations, un vecteur d’amitiés et d’échanges.

En effet, les langues sont parlées par des gens qui ont un lieu d’attache et qui souhaitent s’intégrer en France et dans le monde. Elles contribuent à l’écriture des nombreux récits des petites patries qui font quotidiennement le récit national.

Il est donc important que l’immersion dans les écoles françaises doit être préservée, mais alors sans négliger la filière d’apprentissage classique.

Pour cela, il faudra former des enseignants qui seraient compétents et qui assureraient les cours dans les langues proposées.

Tout école qui s’engage dans l’immersion doit avoir un vrai projet pédagogique qui vise l’apprentissage de la langue choisie et toutes les autres disciplines à savoir les mathématiques, les sciences…

Il faut contribuer utilement à la valorisation du patrimoine linguistique et culturel régional de la nation. En effet, la perte de ces langues, représente un appauvrissement pour toute l’humanité et une grosse perte de pouvoir pour les communautés qui ne peuvent transmettre leur langue maternelle à leurs enfants.

Une mission parlementaire sur l’enseignement des langues régionales a rendu son rapport. L’idée des députés missionnés était de créer un Conseil national de l’enseignement des langues régionales. Ce conseil aurait pour but de réunir les représentants des régions concernées et le ministère de l’Éducation nationale. Il doit mener une réflexion collective pour améliorer la promotion et le développement des langues régionales et sur les différentes méthodes pédagogiques d’enseignement en langues régionales.

Les langues régionales autochtones ne doivent pas être considérées comme une menace, mais bien comme un apport, un patrimoine exploitable par la République. A ce sujet, Maurice Faure, homme politique français, prônait l’apprentissage de l’histoire et de la géographie locales pour faire « vivre toutes les petites patries qui font la grande ».

Proposition immédiate d’enseignement :

Le Conseil constitutionnel rassure les écoles associatives sous contrat avec l’État. Il assimilait dans sa décision « les établissements qui assurent le service public de l’enseignement » et ceux qui « sont associés à celui-ci ».

Le but est de permettre la sécurisation des établissements qui pratiquent l’immersion et de respecter la constitution.
Pour la prochaine rentrée, les écoles qui offrent les modalités d’enseignement des langues régionales sont définies par voie de convention entre l’État et les collectivités territoriales. Elles respectent le caractère facultatif, l’objectif du bilinguisme et la maîtrise égale de la langue française et de la langue régionale, etc…

Il faut espérer qu’il n’y ait pas de risque contentieux important pour cette solution.

Par ailleurs, il a été proposé de signer des avenants aux contrats d’association et aux conventions État-collectivités pour renforcer la place du français de l’année scolaire.

Propositions à long terme :

Dans le rapport des missionnaires, il a été prôné d’ouvrir un travail de définition de l’enseignement immersif de nature à le rendre pleinement compatible. Des motifs de la décision du Conseil constitutionnel seraient rajoutés.
Pour préserver cette approche à long terme, il faudrait penser à une stratégie nationale cohérente qui engloberait tous les domaines de l’enseignement des langues régionales. Il faut mettre en place des éléments propres au système immersif en classe et les rendre plus adéquats pour les élèves et les enseignants.

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